Pour que le pire évité aujourd’hui n’arrive pas demain
Construisons des territoires en résistance !
Le pire est évité. Après une campagne éclair marquée par la banalisation du Rassemblement National, c’est finalement le Nouveau Front Populaire qui devient la première force politique de France. Le RN lui, s’il n’est pas aussi haut qu’annoncé, fait tout de même un score historique.
Oui le pire est évité, mais il n’est pas parti bien loin. L’extrême droite a obtenu encore plus de 10 millions de voix au second tour et entre à l’Assemblée avec 143 député-e-s, contre 89 en 2022. Qui sait ce qu’il en sera dans un an à une éventuelle nouvelle dissolution, dans 2 ans aux municipales ou 3 ans pour la présidentielle ?
Nous, organisations variées de la société civile, devons maintenant profiter de ce répit pour nous organiser sérieusement, et faire en sorte que la haine, le racisme, et la peur n’accèdent jamais au pouvoir.
Et si nous avons une ou plusieurs années tant mieux, car nous n’atteindrons pas cet objectif rapidement ni facilement. Nous le voyons, nous faisons face à des idées qui sont désormais massivement implantées et cultivées par nombre des médias. Elles le sont d’autant plus dans de nombreux territoires ruraux où la gauche et les écologistes sont souvent absents, les services publics détériorés et le tissu associatif souvent moins dense.
Alors il est temps de contre-attaquer : de faire front partout et dans la durée, de recréer un dialogue trop longtemps rompu et de préparer stratégiquement nos territoires à affronter sous peu une nouvelle offensive d’extrême droite.
Nous devons endiguer cette progression des idées xénophobes et autoritaires dans les esprits et notamment dans la jeunesse. Nous avons besoin d’élaborer des stratégies, de nous rassembler, de mettre en commun du matériel et des moyens, et ce au local, ancré•es dans la réalité de nos territoires et de leurs besoins.
Pour être à la hauteur sur le long terme de cette adversité qui reviendra : nous appelons à renforcer et construire des pouvoirs populaires partout dans le pays, et à former, ensemble, un front uni des territoires en résistance.
Nous appelons à former ces résistances depuis tout ce que nous sommes : collectifs de quartiers populaires, de luttes rurales, d’accueil des personnes exilé-es, syndicalistes, associations écologistes, féministes, pour les droits et libertés, réseaux de solidarité, acteurs de la démocratie réelle, lieux militants, syndicats habitants et bien d’autres encore.
Nous savons que l’extrême droite est l’ennemie de tout cela, de ce que nous sommes ou représentons, et que c’est la possibilité même de vivre en paix et de militer à l’avenir qui est menacée.
Nous nous devons de composer plus largement nos fronts, rassembler des acteur•rices avec lesquelles nous ne nous organisons pas toujours, pris dans les urgences quotidiennes de nos combats.
Nous avons fait masse dans les rues, partout où cela est possible, nous avons rencontré celles et ceux qui proche de chez nous hésitaient sur leur vote. Nous devrons nous organiser, lancer des regroupements, réunions, assemblées, ou apéros qui rassemblent largement pour résister et s’organiser ensemble, pas seulement pour obtenir ce que le NFP a pu promettre à court terme mais bien pour les années qui viennent, pour ancrer réellement nos territoires dans les valeurs qui nous rassemblent. Car nous le savons, les mobilisations électorales seules ne suffiront jamais.
Montons ensemble des actions concrètes et en accord avec nos territoires. Assurons une veille de l’extrême droite en exposant sur nos territoires ses affaires et doubles discours, mais aussi en démontant dès maintenant les sujets où ce parti se pense solution. Décrédibilisons les bases des groupes fascistes dans nos territoires ainsi que le système Bolloré qui partout les cautionne.
Constituons et renforçons les réseaux de solidarités concrètes sur nos territoires. A nous de trouver des manières collectives de répondre à nos besoins de subsistance pour construire notre résilience et retisser des liens sociaux délités. Cantines populaires, fermes paysannes, syndicats de locataires, gardes partagées, réseaux de récup’ et de redistribution… Traduisons en acte la société que nous voulons voir advenir et défaisons la guerre de tous contre tous alimentée constamment par l’extrême droite.
Préparons et renforçons partout des groupes d’autoformation, nos dynamiques d’éducation populaire et des fronts anti-répression : pour partager des expériences de résistances locales qui fleurissent sur nos territoires et pour renouer du dialogue dès maintenant ..et pour se protéger et soutenir toutes les personnes qui risquent un jour d’être en première ligne.
Structurons nos alliances de manière large et diverse, des réseaux de travailleur euses jusqu’au sein des institutions, avec les mairies, les fonctionnaires, qui voudront bien nous rejoindre, afin de surtout mettre en œuvre les politiques qui sur le terrain changent la donne et en empêchant le RN de s’incruster encore plus profondément dans nos quotidiens et nos administrations.
Construisons l’autonomie, matérielle, énergétique, alimentaire, mettons en commun des ressources tant pour nos manifs que notre organisation politique – et rallions par là même tou·tes celles et ceux qui peuvent contribuer, par des coups de main, des idées, des bons plans au service d’une dynamique de résistance.
En particulier, constituons des maisons du peuple, des bases, des locaux de résistances, bar, commerces et fermes allié s, … où se retrouver facilement sera clef pour s’organiser localement.
La crise sociale et écologique s’accélère déjà. Nous n’avons pas le temps d’attendre que les institutions y répondent. C’est à nous de poser dans le paysage, les solidarités concrètes, les droits nouveaux, les alternatives réelles au système qui nous oppresse.
Des résistances locales existent dans de nombreux territoires, nous allons les rendre visibles, les rejoindre, et ensemble les renforcer et les multiplier. Nous aurons besoin de tout ça quel que soit le scénario dans les prochaines années car nous ne pouvons plus construire l’alternative à bas bruit mais devons la clamer ensemble pour faire boule de neige.
Cet été, de nombreux temps militants pour partager nos expériences, nos discussions et nos alliances sont prévus : dans les Deux-Sèvres contre les méga-bassines, dans les universités et les camps d’été, à Bure, dans les assemblées de quartier. Profitons-en pour nous y retrouver et déjàconstruire ensemble les bases de nos résistances collectives.
Rejoignez notre appel, signez à votre tour et aidons-nous dans la création de nos territoires en résistances.
Les organisations signataires